Comment le 25 mars 2004 est devenu le plus beau jour de ma vie:
On est à J+8.
Déjà 8 jours qu’on devrait t’avoir dans nos bras.
Un déclenchement est donc prévu le 25 mars.
On arrive à l’hôpital le matin à 8H. Plus on se rapproche de l’hôpital et plus j’ai mal au ventre.
Une sage-femme m’installe pour une demi-heure de monitoring: aucune contractions. Mon col est centré, court et à peine ouvert à un 1cm.
La sage-femme me pose un cathéter en m’expliquant que l’on va essayer de faire mûrir le col avec un gel.
Et là, baisse de tension, je manque de m’évanouir comme à chaque prise de sang ou truc «délicat« .
On m’envoie en salle de travail. Je suis super stressée.
Au bout d’une autre demi-heure de monito, on voit des belles contractions toutes les 5min. Le stress a sûrement déclenché le travail. Pour donner un coup de pouce on me pose la perf de syntho qui augmente les contractions. Il est 10H30. Avec ton papa on discute, on écoute de la musique, on lit, on rigole. Tout va bien!
Vers midi la SF me demande si ça va toujours malgré les contractions. Je les sens mais ça ne me fait pas vraiment mal. Elle me dit: « c’est bien!« Et elle augmente la dose.
Vers 13H30 les contractions deviennent douloureuses. Elles sont très rapprochées. Plus ça va et plus ça fait mal. J’ai des contractions toutes les 2min qui durent 1min, je n’ai même pas le temps de me détendre entre chaque. Je souffre vraiment.
Je n’entend plus rien, je ne peux plus bouger, je peux à peine ouvrir les yeux. Ton papa fixe la montre pour me donner mes granules d’homéo tous les ¼ d’heure.
Au bout d’une heure, on me dit que je suis la prochaine à aller en salle d’accouchement, que je n’ai plus qu’à patienter 15-20min. Mais ça fait tellement mal! J’arrive même pas à parler pour dire à la SF que suis mal!
Puis on m’oublie complètement! Mais j’arrive même pas à m’en rendre compte tellement je suis dans un autre monde. Le temps semble s’arréter à chaque contractions. J’ai l’impression d’être seule au milieu d’un grand vide. Pourtant ton papa est là, et il me rassure énormément quand j’arrive à ouvrir les yeux pour le voire ou à l’entendre.
Finalement il est 18H30 quand on me pose la péridurale. Enfin! Je suis d’une humeur masacrante!
L’anesthésiste me pique 2 fois. Je suis tellement tendue. Je dis « aïe » quand il me pique, je me rend aussitôt compte que j’ai pas eu mal du tout par rapport aux 5H que je viens de passer. J’ai un peu honte… Pour me faire oublier un peux tout ce stress le temps que la péri agisse, l’anesthésiste me pose des questions sur mon diamant qui se trouve sur ma dent. Ca me marquera toute ma vie je crois…
Et là, le bonheur! Je sens les contractions sans avoir mal. Je dose la péri comme je veux avec une pompe. C’est magique!
Mon col n’est ouvert qu’à 3cm. Avec ton papa on se demande si tu vas naître le 25 ou le 26. Alors il décide de partir manger.
A 18H45 la sage-femme arrive et m’annonce que mon col est ouvert à 9cm. Je crois que c’est une blague. Elle est assez étonnée aussi elle ne s’attendait qu’à 7cm. Sûrement l’aide de l’homéopathie… Je commence à stresser sérieux. Je lui dis qu’il faut absolument appeler ton papa. Je ne me sens pas capable de faire tout ça sans lui.
Il revient en 4ème vitesse, il n‘a pas eu le temps de manger.
Elle me perce la poche des eaux. Le liquide est teinté, mais ton cœur va bien. Pas de panique.
Vers 20H, les sages-femmes qui vont faire l’accouchement commence à tout installer. Mais tu n’es pas encore assez descendu. Il faut attendre. Je suis frappé par la salle d’accouchement. Je regarde tout autour. Il fait très sombre. Je m’attendais à ce que tout soit très éclairé, mais on est tellement mieux dans l’obscurité. Elles ont raison!
A 21H, elles décident qu’on va commencer. Ton cœur commence à baisser, il est temps d’agir!
Je pousse une première fois, timidement. Et elles me disent qu’il faut vraiment y aller. On a pas de temps à perdre!
Alors je recommence.
Je te sens vraiment bien dans mon bassin. C’est très bizarre comme sensation.
Je pousse plusieurs fois. Je suis tellement concentrée que je ne capte pas le début de panique qui s’installe: ton cœur commence à vraiment ralentir. Il faut que tu sortes vite mais ta tête est coincée. Je vois plein de monde entrer dans la salle. Deux femmes se mettent à appuyer de toutes leurs forces sur mon ventre. A chaque poussée ton papa me souffle dans l’oreille « pousses mon amour ».
Ta tête sort enfin, puis le reste de ton corps. La sage-femme coupe le cordon et part en courant en t’emportant. Je t’ai juste aperçut. Ton papa pleure et répète des centaines de fois « merci mon amour« . Je lui dis de te rejoindre. Moi, j’attend de longues minutes avant que tu reviennes, mais je t’entend pleurer si fort à travers le couloir. Le stress retombe. Je pleure.
Enfin tu reviens 3Kg780 et 51.5cm.
On te met sur mon ventre. Tu es si beau.
Nos regards se croisent, et tu restes longuement me fixer.
On fait connaissance tout les trois pendant que la sage-femme recourt les quatre points de l’épisiotomie. On t’admire et on pleure de joie. Tu est ENFIN là! Ton visage est tout rouge, tu as un hématome car tu est resté coincé dans mon bassin. Mais on te met au sein et tu est là contre moi, petit être qui transforme notre vie.
Et ce n’est que le début du bonheur…